You are currently viewing Retraites, Macron doit tenir bon

Retraites, Macron doit tenir bon

Je ne suis pas partisan de la réforme telle qu’elle est présentée.
Pour schématiser, je suis favorable à la suppression de l’âge légal et à un système de bonus/malus sur le montant de la pension en fonction de l’âge de départ librement choisi par chacun, sur la base d’une durée de cotisation permettant le taux plein (les 43 ans de la réforme Touraine/Hollande me paraissant un repère pertinent).
Cela permettrait d’améliorer le montant de la retraite pour celles et ceux qui choisiraient de travailler plus longtemps, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Il est à peu près certain que l’augmentation moyenne de la durée d’activité serait obtenue ainsi, sans la contrainte d’un âge légal qui, visiblement est le point d’achoppement le plus important de la réforme.

Je suis aussi très critique quant à la méthode utilisée par le gouvernement, son évidente impréparation et son absence de pédagogie (voir notamment les approximations et atermoiements du ministre du travail).

Pour autant les français devront travailler plus et plus longtemps, pour de très nombreuses raisons, et cesser d’en refuser la nécessité par principe, en opposition à tous les autres pays qui nous sont à peu près comparables, dirigés par des majorités de droite comme de gauche.
Voici une carte indiquant les âges légaux de départ à la retraite actés pour 2030 :

L’espérance de vie après 65 ans la plus élevée d’Europe

Il y a incontestablement un blocage français d’ordre culturel à l’idée de travailler un peu plus, malgré un allongement de l’espérance de vie, donc du coût toujours plus important pour les caisses de retraites. On peut véritablement parler de spécificité française au vu de l’espérance de vie après 65 ans qui est en France la plus élevée d’Europe.

Enfin, certains nous expliquent que nous n’avons pas de problème de financement des retraites à court ou moyen terme.
Ce n’est pas exact. Si les cotisations restent la source principale – et de loin – des recettes de notre système de retraite (la répartition), leur part diminue régulièrement. En 2021, les cotisations représentaient 78% des ressources et ce pourcentage ne cesse de baisser. Pour la Caisse nationale d’assurance retraite (Cnav, régime de base du privé), la baisse est préoccupante : de 83 % en 2003, les cotisations sont tombées à 67 % en 2021.

L’évolution démographique est défavorable à l’équilibre qui n’est atteint que via l’État qui compense grâce à la fiscalité. D’aucun prétendent que les 13 à 15 milliards nécessaires pour cela sont bien peu de choses par rapport aux + ou – 350 milliards de ressources totales annuelles couvrant l’ensemble du système.
Nous y voilà : ce « bien peu de choses » est aujourd’hui insupportable.
Une entreprise ou un ménage qui dépense plus qu’elle ou il ne gagne va devoir ajuster son train de vie, dépenser moins, gagner plus, ou les deux. Et l’État lui-même, un jour prochain, ne pourra plus échapper à cette logique.

En 2024, la France « fêtera » son 50ème déficit budgétaire consécutif

En 2024, la France atteindra le demi-siècle de budgets déficitaires consécutifs, 50 ans d’accumulation de dettes publiques !
Début 2023, nous avons passé le cap des 3000 milliards de dettes. Nous empruntons tous les jours pour en payer la charge (les intérêts) sans jamais diminuer le montant total dû, mais au contraire en l’aggravant dangereusement chaque année.
Il va arriver ce jour où il faudra inverser la tendance sous la contrainte, car la signature de la France ne sera plus respectée. Ce jour-là, les impôts vont augmenter terriblement, et les prestations sociales seront revues à la baisse. Toute négation de cette hypothèse doit être réservée aux doux rêveurs, la pire étant celle du patron des insoumis qui n’exclut pas de cesser de payer et d’effacer tout ou partie de la dette d’un trait de plume. Histoire sans doute de voir notre économie s’effondrer définitivement…

  • Si nous ne voulons pas laisser les générations futures en proie à ce type de scénario, tous ces jeunes qui hériteront aussi d’une planète en piteux état, les français n’auront pas d’autre choix que de travailler plus s’ils ne veulent pas que l’État providence qu’ils n’ont de cesse d’appeler au secours, ne soit bientôt contraint de diminuer encore la qualité des ses missions régaliennes déjà bien mal en point. 

Les français sont nombreux, comme toujours, à ne pas vouloir travailler plus. C’est humain, et certains, qui ne le peuvent pas, doivent bénéficier de réponses adaptées à leur situation.
Mais sont-ils à ce point, et en moyenne, plus fragiles que les espagnols, les allemands, ou à peu près tous les autres européens ? Plus fragiles ? Ce serait étonnant. Plus égoïstes, c’est probable. Plus gaulois, c’est sûr.
Absence de civisme, peut-être, ou naïveté due au discours politique lénifiant ?
Et comme ils sont nombreux, nombreux aussi sont les élus qui défendent la position des réfractaires à l’allongement de la durée du temps de travail, au mépris de toute logique, en niant les risques qui nous menacent.
De la part des extrêmes, rien d’étonnant.
De celle de gens qui s’auto-proclament sociaux démocrates tout en s’accrochant à l’idée que l’État peut tout et doit tout, c’est désolant.
Mélange de clientélisme, de radicalisation anti-Macron et de conception surannée du travail, vu non pas comme un épanouissement mais forcément comme une corvée. Une vraie prise en considération de la pénibilité doit bien sûr faire partie de la réforme, une réduction plus radicale des inégalités femmes/hommes sur toute la durée de la carrière aussi. Mais pour ne pas laisser le pays dans une situation économique désastreuse dans une ou deux décennies, il faut, en moyenne, travailler un peu plus. Que cela plaise, ou non.

Cela dépasse largement la seule réforme des retraites.

Marc T.