Le Pen

L’ignoble madame Le Pen

Le soutien, cette semaine de Marine Le Pen aux généraux vaguement putschistes qui ont publié leur « appel » à l’insurrection, ce soutien aura deux conséquences.

Mise à mal de la laborieuse normalisation du RN

La première est positive : elle a mis à mal la normalisation du Rassemblement National. Le vote RN devenait lentement mais sûrement décomplexé. Cette sympathie affichée pour la vingtaine (beaucoup plus qu’un quarteron, donc) de généraux ‘ambitieux et fanatiques’ dirait De Gaulle, prêts à porter atteinte à la République, cette exposition soudaine de penchants anti-démocratiques, il est probable que tout cela ruine une partie au moins de ses efforts pour paraître respectable. Que le patient lissage de son image apparaisse pour ce qu’il est : une grande illusion. La perte de confiance probablement confirmée par les sondages à venir serait donc une excellente nouvelle.

L’image troublée de l’Armée

La seconde conséquence est hélas négative : cet épisode ne peut que nuire à l’image de l’Armée française qui n’avait pas besoin de ça maintenant. Cet appel a été publié dans un numéro de Valeurs Actuelles, média décidément dévoué à l’extrême droite, avec en une l’insignifiant Philippe de Villiers appelant lui aussi à l’insurrection. Une réalité nous avait peu à peu échappé ces dernières années : l’Armée, qui nous protège, reste potentiellement dangereuse pour la démocratie, et son contrôle par les politiques doit être total, sans ambiguïté. Pour autant, ne dramatisons pas, il semble que nous ne soyons pas tout à fait à la veille d’un renversement du pouvoir, et les quelques séditieux en seront certainement pour leurs frais.

Il n’empêche que deux jours après cet appel, Valeurs Actuelles publiait une lettre de Marine Le Pen qui disait ceci : « Messieurs les généraux, rejoignez-moi dans la bataille pour la France ». Christian Piquemal et Antoine Martinez, deux des principaux généraux signataires de l’appel, sont membres du comité national de la résistance française et européenne, le mouvement fondé par Renaud Camus, l’inventeur du Grand Remplacement (des peuples européens par l’immigration), condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme et provocation à la haine contre les musulmans. Voilà les affinités de Madame Le Pen, des gens à la limite du fascisme, qui peuvent recourir à la force pour prendre le pouvoir, ou, s’ils devaient l’obtenir, démocratiquement ou pas, pour ne pas le rendre.

Puisse cette prise de position de l’ignoble Marine lui être fatale en 2022.

Marc T.